Courage mes frères Africains, fuyons par Lampedusa !

Article : Courage mes frères Africains, fuyons par Lampedusa !
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20 octobre 2013

Courage mes frères Africains, fuyons par Lampedusa !

Dur dur d’être jeune en Afrique, surtout en ce 21èm siècle. Ce n’était pas déjà mieux par les siècles écoulés. En ces temps là, c’étaient les navires esclavagistes qui venaient enlever les jeunes africains vigoureux pour les déporter par la mer, vers les Amériques. Cela avait duré 400 ans. Cette fois ci, combien d’années cette hémorragie va-t-elle durer ? bien malin qui saura le dire.

En effet, de nos jours, ce sont toujours les mêmes acteurs, mais les conditions ont changé. Ce sont les jeunes africains eux-mêmes qui se jettent à la mer sur des rafiots de fortune, espérant trouver des conditions de vie décentes de l’autre côté de la méditerranée. Au début des années 2000, le monde avait vécu les mêmes drames avec ces mêmes rafiots de fortune qui partaient des côtes mauritaniennes et marocaines vers les îles Espagnoles des Canaries. Le monde s’en était ému, des mesures radicales avaient été prises par les européens, l’Italie avait mis Kadhafi à contribution dans le temps pour assurer une meilleure surveillance des côtes libyennes et cela avait créé une certaine accalmie.

Mais comme une hydre, ce monstre à plusieurs têtes qu’est le mal vivre s’est encore emparé des jeunes africains qui se jettent encore à la mer par millier. Il ne se passe plus de jour sans que les médias ne rapportent des cas d’embarcations naufragées aux larges de la Sicile, des jeunes hommes, femmes et enfants portés disparus, etc… cela fait vraiment réfléchir. Que ces jeunes soient somaliens, Erythréens, Maliens ou béninois, ce mal être se retrouve tant dans les pays dits démocratiques que ceux qualifiés de dictature. Ce mal être sévit tant parmi les diplômés que les non diplômés. En fait même ceux qui cherchent à émigrer sont la plupart du temps sans diplôme.

Silence des chefs (de tas) africains

Le plus accablant dans cette situation est le silence assourdissant de la plupart des dirigeants africains. On dirait qu’ils se sont donné le mot : « motus bouche cousue ». En effet comment comprendre que pendant que leurs administrés sont entrain de mourir aux portes de l’Europe, tout ce qui tient à cœur à nos dirigeants soit la réunion d’Addis-Abeba pour discuter de leur maintien ou non à la Cour Pénale Internationale. Ils auraient pu annuler ce sommet ou changer le thème du jour par décence et par respect envers les défunts.

Litanies de bonnes intentions

Seul le Président sénégalais Macky SALL qui par le hasard des choses se trouvait à l’UE à Bruxelles a donc dû se prononcer de façon audible sur le sujet. La plupart des interventions africaines ont juste été des déclarations de bonnes intentions. Ils ont pêle-mêle parlé de ce qui aurait dû être fait pour donner de l’espoir et du travail à la jeunesse. Rien de nouveau donc, sinon le discours habituel de tous les politiciens africains : créer plus d’écoles, plus de centres de santé, plus d’universités, améliorer l’accès à internet, construire des routes, améliorer le cadre macroéconomique, créer des emplois pour les jeunes, améliorer l’agriculture, fournir l’énergie, etc. Rien que de bonnes intentions comme les jeunes africains sont habitués à en entendre de la part de leurs dirigeants. Mais du concret, point, sinon très peu.  Dans cette grisaille de mal gouvernance généralisée en Afrique, je tire néanmoins mon chapeau aux dirigeants de l’Afrique de l’Est. Dans ces pays que sont le Kenya, le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie et le Botswana pour ne citer que ces quelques exemples, on sent une véritable volonté politique de changer les choses dans le bon sens. Ce n’est pas encore parfait mais il est normal de saluer les efforts visibles.

Le jeune africain semble mal parti

Qu’est ce qui peut donc justifier cette envie incontrôlable des jeunes africains de fuir leurs pays coûte que coûte ? Nous pouvons  citer plusieurs raisons.

Il est dit dans un verset de la Bible qu’il est du devoir des parents d’amasser des richesses pour leurs enfants. Même l’ordre de la nature nous montre que c’est aux vieilles générations de tracer la route et de laisser un héritage à la génération future.

Malheureusement, dans certaines communautés africaines, cet ordre de la nature a été renversé et continue de l’être. Le jour où les parents d’un petit africain l’emmène à l’école pour son premier jour de classe, le genre de phrase de motivation qui est servi au tout petit est le suivant : mon fils, travaille bien à l’école, tu es l’espoir de toute la famille, ta famille n’est pas riche, tu connais les conditions dans lesquelles nous vivons. Ton père et ta mère comptent sur toi pour assurer leurs vieux jours. Et « aléa jecta es ».

Si le petit parvient à traverser les vicissitudes de l’école et décrocher le BAC, généralement certains parents considèrent qu’il a déjà le sésame pour l’emploi. Les frais de scolarité sont coupés, l’argent de poche est coupé et le jeune garçon est livré à lui-même. Il doit se battre pour financer lui-même ses études si tant est-il qu’il a le courage de continuer les études supérieures. Si par chance il trouve un petit boulot, alors sans même chercher à savoir combien il gagne, le papa commence par lui léguer la charge financière inhérente à l’éducation et l’entretien de ses frères et sœurs. Hé oui, le pauvre petit était averti : va à l’école car toute la famille compte sur toi.

Dans nos communautés, l’assurance santé est un luxe réservé à une classe de privilégiés, l’assurance vie est une parfaite inconnue dans la mathématique familiale, l’épargne est un luxe que ne peut se permettre la majorité de la population. Le jeune est donc contraint de sacrifier sa jeunesse pour prendre soin de la nombreuse progéniture de ses parents. Si vous ne croyez pas l’adage qui dit que le lit du pauvre est fertile, alors venez voir la preuve par la démonstration dans certaines familles ici. Les familles sont nombreuses car les enfants sont la richesse du pauvre. Si le jeune homme parvient à finir ses études et trouve un emploi acceptable ou encore s’il parvient à gagner sa vie d’une manière ou d’une autre, il se trouve obligé de trainer des boulets. Ses boulets sont constitués de trois générations de boules. Les parents, les frères et sœurs puis ses enfants à lui-même. Si par malheur pour lui, une de ses sœurs se faisait mettre enceinte par un quidam sans le sou, hé bien il devient papa avant même d’avoir mis une femme enceinte car automatiquement la garde de cet enfant lui incombe.

Par rapport à un jeune européen de la même génération, le jeune africain se retrouve souvent chef de famille avant de dire ouf. L’on a du mal à reconnaître dans certains villages des jeunes tout juste âgés sortis de l’adolescence tellement Ils paraissent trois fois leur âge, minés qu’ils sont par les soucis de la vie et l’alcool.

Mais ce n’est pas tout, les problèmes du jeune commence à la maison et le suivent dehors. Les entreprises d’Etat sont parfois la chasse gardée de certains cercles. Pour être embauché dans certaines entreprises d’Etat, il faut être le fils de… « Ce sésame » est parfois plus efficace pour ouvrir les portes de l’emploi que les parchemins académiques. Si le jeune passe cette étape et parvient à se faire embaucher dans l’entreprise, il lui faut prier pour que ça dure. En effet avec la mal gouvernance qui caractérise la gestion de certaines structures d’Etat, il faut s’attendre à tout moment à un dépôt de bilan. Si cela n’arrive pas, c’est que le gouvernement à injecter des milliards de francs pour éponger les dettes de l’entreprise et lui permettre de rester à flots, fierté nationale oblige.

La situation est un peu mieux au niveau des entreprises privées, mais elles sont souvent des entreprises de petites tailles avec des salaires « juste de quoi survivre ».

De l’Education

Au Bénin et dans certains autres pays d’Afrique francophones, le taux de réussite à l’examen du BAC est souvent catastrophique. Le meilleur taux que je n’ai jamais entendu au Bénin est de 37%. 37% de succès au BAC ? En France, l’on se plaint lorsque le taux de réussite au BAC est inférieur à 90% car c’est souvent l’un des taux les plus bas en Europe. La question qui se pose est de savoir si ce sont les jeunes lycéens français qui sont trop intelligents ou si c’est le système éducatif africain qui est trop dur et inadapté. Les personnes autorisées disent à volonté que ce taux de réussite témoigne du sérieux du système éducatif qui ne retient que le meilleur pour l’université. Alors si le tri est si rigoureux, nous devrions avoir des génies à l’université et des supers cadres à l’issue des études supérieures. L’excellence devrait alors être la marque de gouvernance de nos pays, malheureusement, à quelque rares exceptions près la mal gouvernance semble être la chose la mieux partagée en Afrique.

Des raisons d’espérer

Je pourrai citer tellement de conditions défavorables à l’épanouissement du jeune africain sur ce beau contient, mais à quoi bon se concentrer sur ce qui ne va pas. Il y a tellement de raisons d’espérer ! Tellement d’atouts et de richesses, tellement d’opportunités, il n’y a qu’à ouvrir les yeux et les oreilles.

L’agriculture est un secteur d’avenir car l’A Fric n’a pas encore atteint l’autosuffisance alimentaire.

L’éducation est un secteur d’avenir car les jeunes ont besoin d’être formés par rapport aux réelles attentes du marché de l’emploi.

Le BTP est un secteur d’avenir car tout est encore à construire dans nos pays. L’innovation y a encore sa place. Les maisons ont besoin d’être modernisées. Les cases du village ont besoin d’amélioration et d’innovation. Les temps ont changé, nous devons moderniser nos vies.

Les TIC sont un secteur d’avenir car les ordinateurs, les téléphones intelligents et tous les dérivés de la société de l’information sont présents dans tous les compartiments de nos vies aujourd’hui.

De plus, il y a tellement d’exemples de réussite dans le monde que le jeune africain ne peut qu’espérer des lendemains meilleurs :

Oui jeune africain :

–         Aussi vrai qu’un métisse d’origine Kenyane a pu devenir Président des Etats Unis d’Amérique et ainsi donc l’homme le plus puissant de la terre, tu peux y arriver

–         Aussi vrai que l’homme le plus célèbre et le respecté de la planète est un noir africain du nom de Nelson Mandela, tu peux y arriver

–         Aussi vrai qu’après 27 ans de prison, ce célèbre prisonnier est devenu le Président du pays le plus prospère de l’Afrique, oui tu y arriver

–         Aussi vrai qu’Oprah Winfrey une femme issue de milieu pauvre, violée dans son enfance et partie de rien, est devenue aujourd’hui l’une des femmes les plus riches et les plus puissantes de la planète terre, oui tu peux y arriver

–         Aussi vrai qu’une masse de plus de 300 tonnes défie les lois de l’apesanteur et tient dans l’air durant des heures et redescend à volonté, et que cette prouesse a  été accomplie par des hommes comme toi, oui tu peux y arriver

–         Aussi vrai que Pelé un noir brésilien est le footballeur le plus célèbre sur cette planète, oui tu peux y arriver

–         Aussi vrai que le plus grand danseur et chanteur de tous les temps s’appelle Michael Jackson, qu’il a inventé une danse appelé moon walk parce que personne ne pouvait imaginer qu’un homme marchant sur cette terre puisse exécuter de tels pas de danse, oui tu peux y arriver

–         Aussi vrai qu’un seul homme appelé Jésus, au bout de 03 ans de travail et juste âgé de 33 ans  a changé l’histoire de l’humanité et est reconnu aujourd’hui comme l’homme le plus influent n’ayant jamais marché sur cette planète terre, oui tu peux y arriver

–         Aussi vrai qu’un seul homme, illettré, pauvre et persécuté en son temps, appelé Mahomet a pu impacter la vie de millions d’hommes et est aujourd’hui l’une des personnes dont on appelle des millions de fois le nom chaque jour sur cette terre, oui tu peux y arriver

–         Aussi vrai que l’homme le plus rapide de la planète est un noir jamaïcain du nom d’Usain Bolt, oui tu peux y arriver

–         Aussi vrai que l’homme le plus endurant et recordman de marathon est un noir kenyan du nom de kipsang, oui tu peux y arriver

–         Aussi vrai que parmi plus de 4 millions de spermatozoïdes, tu as pu être le seul qui a réussi à féconder l’ovule et devenir l’être humain que tu es aujourd’hui, oui tu peux y arriver, car tu as vaincu tout seul la plus grande des guerres, celle qui t’opposait à plus de 4 millions d’adversaires.

Oui jeune africain, tu peux y arriver, il suffit d’y croire.

Alors courage, ne fuyons pas, mais restons ici pour œuvrer à inverser la courbe de l’émigration. Faisons de ce continent un si bel endroit que ce soit plutôt vers nos côtes que les autres se battent pour arriver.

N’accusons pas l’union Européenne ou l’Italie de ne pas porter secours aux naufragés africains car c’est de notre responsabilité de veiller à ce que les jeunes africains trouvent l’espoir et la confiance sur ce continent. Les chefs d’Etat ne sont pas les seuls responsables, mais chacun d’entre nous.

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