Les Histoires du Fâ : LETE MEDJI – Légende de LETE, l’homme qui défia la mort et survécu.

Article : Les Histoires du Fâ : LETE MEDJI – Légende de LETE, l’homme qui défia la mort et survécu.
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16 mai 2023

Les Histoires du Fâ : LETE MEDJI – Légende de LETE, l’homme qui défia la mort et survécu.

LE TE MINDJI est le signe de la Divinité terre (l’un des 4 éléments de la cosmogonie Fâ). La divinité Terre ou SAKPATA est très redoutable. Il faut éviter de jeter des sorts ou tenter d’envouter les natifs du signe LETE ou CHE. Si jamais vous tentez, vous serez confronté à Sakpata. Les natifs de ce signe sont donc presque intouchables par la sorcellerie et les envoutements. Les ennemis s’acharnent sur eux avec les gris-gris les plus puissants, pendant longtemps, mais sans résultat. Les ennemis pensent souvent que leurs cibles possède de puissants gris-gris de protection, mais ce n’est pas le cas. Les natifs du signe LETE bénéfice juste d’une protection naturelle liée à leur signe du Fa – on peut dire qu’ils sont nés sous une bonne étoile. Si malgré les échecs répétés l’ennemi continue, il se fera dévorer ou détruire par la « Terre »- SAKPATA ou une maladie liée à l’élément terre.

LEGENDE  DE LETE

Dans le Fâ, la divinité de la mort (la grande faucheuse) se nomme KOUHOSSOU qui est lui-même du signe LETE. La divinité de la mort était déchaîné dans le royaume et tuait les hommes en masse, sans aucune distinction. Il arriva qu’un jour, il ôta très méchamment la vie à une personne innocente. Outrés, les grands sorciers du royaume jugeant que la mort avait dépassée les bornes maitrisèrent Kouhossou et firent son procès. Kouhossou fut condamné et écroué en prison. Ce fut un grand soulagement pour tous les hommes dans le royaume. Mais, l’amour maternelle étant invariable et inconditionnelle, la mère de Kouhossou ne manquait jamais de lui rendre visite en prison et de lui apporter à manger.

La période d’emprisonnement de Kouhossou fut si longue que sa mère ayant dépensé toutes ses ressources se retrouva complètement démunie. Avant son emprisonnement, C’était la mort qui subvenait aux besoins de sa maman. La vieille femme était maintenant obligée de se rendre régulièrement chez la mère d’un jeune homme nommé LETE pour demander des ignames à cuisiner pour son fils. La maman de LETE répondait favorablement et fournissait toujours à la mère de Kouhossou les vivres nécessaires pour nourrir son fils emprisonné.

Kouhossou finit par purger sa peine de prison et la veille de sa libération, LETE et ses amis en jouaient au domino sous un arbre de la place du village. L’un des amis de LETE averti le groupe que le lendemain, il ne leur serait plus possible de jouer aux domino sur la place du village car c’était le jour où Kouhossou sera libéré de prison. LETE répondit à son ami qu’ils pourront jouer sans crainte, et que Kouhossou ne pouvait rien y faire. LETE ajouta même que Kouhossou pouvait aller « enculer » sa propre génitrice. En langue fon cela s’exprime par (Oun zoun Kou non Yomin) ce qui littéralement veut dire « j’encule la mère de la mort ». Sur la place du village, les amis de LETE étaient scandalisés par ses propos. Comment pouvait-il avoir l’audace d’insulter aussi méchamment Kouhossi, la divinité de la mort ? Des traitres dans le groupe allèrent immédiatement à la prison pour rapporter à Kouhossou les insultes proférées par LETE Médji contre sa génitrice. La divinité de la mort piqua une colère noire et déclara :
– Tant mieux pour LETE . Dès ma libération, je sais déjà qui je vais tuer en première position. LETE MEDJI a insulté ma mère et il est normal que je me venge, personne ne pourra me condamner pour avoir fait justice à ma mère.

Dès que Kouhossou fut libéré de prison, il se rendit en hâte au domicile de sa mère pour la saluer. Mais sa mère remarqua que Kouhossou était très pressé et nerveux. Curieuse, sa mère lui demanda les raisons de son impatience à se rendre en ville. Kouhossou lui répondit qu’il avait une affaire urgente à régler, une question d’honneur. Elle insista tant et si bien que Kouhossou finit par révéler à sa mère qu’elle était la personne la plus précieuse dans sa vie, mais qu’un individu venait de l’insulter grossièrement et qu’il se devait donc de prendre la vie de cette personne afin de laver son honneur. La mère de Kouhossou trouva que son fils avait raison. Elle lui demanda néanmoins qui était l’auteur du forfait. Kouhossou révéla à sa mère que c’était LETE MEDJI.

La maman de kouhossou baissa la tête, poussa un profond soupir et dit à son fils :
Celui-là, tu ne peux le tuer. Les ignames avec lesquelles je te nourrissais en prison m’étaient données par la Mère de LETE Mindji, tu ne peux donc pas le tuer. Ce serait une trop grande ingratitude. Après avoir considéré la situation sous tous les angles, Kouhossou fut obligé de laisser tomber l’affaire.

Et c’est ainsi que LETE MINDJI a insulté la mère de la divinité de la mort et a pourtant survécu, rien de mal ne pouvait lui arriver. (Une belle chanson béninoise illustre cette légende du Fâ).La personne née sous le signe du Fa LETE MINDJI doit prendre grand soin de sa mère. Le natif de ce signe vivra toute sa vie sous des menaces funestes, mais il sera toujours épargné à cause des actions de sa mère. Les oeuvres de sa maman consituent donc une absolution pour ses méfaits. Sa mère sera même obligée d’être une sorcière pour pouvoir traiter avec la mère de la divinité de la mort, être son amie, sa bienfaitrice afin d’épargner la vie de son enfant. Mais pour traiter avec la mère de la mort, il faut avoir une certaine puissance, raison pour laquelle la mère du porteur du signe LETE doit être une sorcière.

Le Boconon qui ne comprend pas bien la situation peut dire à la personne venue consulter que sa mère est une sorcière. Même si cela était vraie, la sorcellerie de la mère a pour but de protéger son enfant et non le tuer. La mère peut être dans une Eglise, un secte ou être membre d’une fraternité, mais une chose est certaine, elle dispose d’une indiscutable puissance spirituelle qui lui permet de veiller sur son enfant. Tant que cette mère sera en vie, l’enfant sera protégé. C’est la raison pour laquelle, il arrive que dans certaines familles, les enfants commencent par mourir l’un après l’autre après le décès de leurs parents (père et mère). La raison en est que les enfants n’ont plus la protection de leurs parents. On pense souvent qu’une personne dans la famille tue les enfants, ou qu’ils sont victimes de sorcellerie, mais c’est loin d’être le cas – C’est tout simplement naturel.  Ce sont leurs remparts (père et mère) qui sont tombés.

Tant que les parents sont vivants, les enfants sont protégés, mais dès que les parents disparaissent, la mort entre dans la maison. La maman constituait le parapluie des enfants. Pour cette raison, les parents sont sacrés au Bénin. Leur présence consitu une protection naturelle. Ils prennent des coups invisibles pour le commun des mortels à la place des enfants, même inconsciemment.

La personne née sous le signe LETE ne doit pas manger de l’igname, mais il doit toujours avoir de l’igname dans sa maison. En effet c’est l’igname qui a été donnée à la divinité de la mort en prison qui lui a sauvé la vie plus tard. Donc tant qu’il aura de l’igname dans la maison, les malheurs qui arriveront dans la maison seront absorbés par l’igname. Mais si la personne mange de l’igname, il souffrira de douleurs aux pieds.  Il doit aussi faire régulièrement ce qu’on appelle (Kou dio dio). Cela veut dire faire des cérémonies pour éloigner la mort.



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