L’individualisme solidaire occidental : rendons à César ce qui appartient à César

Article : L’individualisme solidaire occidental : rendons à César ce qui appartient à César
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23 mai 2023

L’individualisme solidaire occidental : rendons à César ce qui appartient à César

Nous avons souvent entendu parler de la solidarité africaine et de l’individualisme reproché aux sociétés occidentales. Mais, après avoir vécu aux États-Unis pendant un certain temps, j’ai été agréablement surpris de découvrir une réalité différente. J’ai constaté que derrière cet individualisme, il existe une forme de solidarité discrète mais puissante, où chaque personne apporte sa contribution pour aider les autres.

Crédit photo : RDNE Stock project pour Pexels

Depuis de nombreuses années, j’ai été témoin de conversations entre Africains et même certains Occidentaux qui glorifient la solidarité comme l’une des valeurs humaines les plus admirables de la société africaine. Les sociétés occidentales, quant à elles, ont souvent été critiquées pour leur individualisme présumé, où les relations humaines manqueraient de spontanéité et où chacun se retranche chez soi, même entre amis et membres de la famille qui doivent prendre rendez-vous pour se voir. Pendant longtemps, j’ai moi-même adhéré à ces clichés, jusqu’à ce que je décide de vivre aux États-Unis il y a quelques années.

Cette expérience m’a donné l’opportunité de comparer directement les deux sociétés, et je dois avouer que cela a ébranlé mes préjugés. J’ai réalisé que de nombreuses idées reçues circulant sur la société occidentale étaient basées sur des généralisations simplistes. J’ai découvert une réalité bien différente, une facette souvent méconnue de la vie quotidienne en Occident.

Découverte de l’individualisme « solidaire » occidental

Lorsque ma famille et moi sommes arrivés aux États-Unis en tant que nouveaux migrants, j’ai été agréablement surpris de constater l’existence d’un réseau social et communautaire bien établi pour soutenir et intégrer les nouveaux arrivants. Bien que nous ayons rencontré des difficultés pour nous installer et nous acclimater, j’ai été impressionné par la multitude de solutions offertes à chaque problème. Des organisations à but non lucratif, des programmes gouvernementaux et même des individus dévoués se sont engagés corps et âme pour nous aider à trouver des solutions acceptables.

Au cours des deux premières semaines de notre installation, nous avons reçu gracieusement une abondance de vaisselle, de canapés, de lits et de matelas, de draps chauds, de tables et de chaises pour la salle à manger, d’accessoires pour la cuisine et la salle de bains, et bien d’autres choses encore. Une vieille dame vivant seule dans une maison isolée en pleine forêt nous a généreusement offert tous ces articles. Elle était en contact avec un réseau d’agents immobiliers qui déposaient chez elle tous les meubles et accessoires de cuisine, de salle de bains et de salon que des Américains donnaient gratuitement lorsqu’ils déménageaient d’une ancienne maison pour en intégrer une nouvelle. Cette dame était une figure reconnue dans le réseau informel des agents immobiliers et elle redistribuait gratuitement tout ce qui lui avait été donné, sans rien attendre en retour.

Crédit photo : RDNE Stock project pour Pexels

Mais cela ne s’est pas arrêté là. Nous sommes entrés en contact avec une organisation non gouvernementale (ONG) qui collectait les invendus des supermarchés et des restaurants, les conservant dans des conditions optimales. Cela permettait aux familles dans le besoin de se ravitailler deux fois par mois en produits frais, condiments, conserves, riz, pâtes, huiles alimentaires, et bien d’autres encore, comme si elles faisaient leurs courses dans un supermarché.

Un autre département de cette même ONG encourageait les Américains à donner les vêtements et accessoires de mode dont ils n’avaient plus besoin. Les familles nécessiteuses pouvaient ainsi se fournir chaque mois, pour tous les membres de la famille, en fonction de leurs besoins vestimentaires.

Je me souviens clairement du soutien financier apporté par cette même ONG, qui nous a aidés à couvrir les avances de loyer et même à financer les activités extrascolaires de nos enfants, comme les programmes « After School ».

De nombreuses autres ONG offrent des repas chauds une fois par semaine aux sans-abri et à toute personne dans le besoin, qui ne peut se permettre un repas.

L’importance des initiatives individuelles et des ONG dans la société occidentale

Aux États-Unis, le bénévolat est bien plus qu’une simple action charitable occasionnelle. C’est un véritable pilier de la société, un moyen pour les individus de s’engager activement dans leur communauté et de contribuer à un changement positif. De la petite ville tranquille aux quartiers urbains dynamiques, le bénévolat joue un rôle essentiel dans la création de liens solides entre les citoyens et le renforcement du tissu social.

Dès le primaire jusqu’à l’université, et même dans leur vie active, les jeunes Américains sont vivement encouragés, de toutes les manières possibles, à s’engager au service de leur communauté. Les travaux bénévoles auprès d’ONG, d’hôpitaux, de centres pour personnes âgées, de centres de distribution de nourriture et de vêtements, pour aider ceux qui sont dans le besoin, sont fortement recommandés, et même pris en compte comme critères d’admission dans les grandes universités. Des plateformes en ligne incitent les jeunes à offrir bénévolement leur temps et leurs compétences à leur communauté.

Crédit photo : RDNE Stock project pour Pexels

Et ce n’est pas tout. Les bibliothèques publiques, dotées d’une riche sélection de livres, de supports audio et vidéo de toutes sortes, organisent régulièrement des cours d’anglais gratuits pour les nouveaux migrants, quel que soit leur âge. Les librairies offrent gratuitement l’accès à Internet pendant autant d’heures que vous le souhaitez, proposent l’impression de documents à moindre coût, et dispensent diverses formations en entrepreneuriat à la fois pour les nouveaux migrants et les résidents plus anciens.

Mais d’où proviennent les ressources de ces ONG, bibliothèques et centres de repas gratuits ? Elles sont principalement issues des dons volontaires des simples Américains, qui reversent une partie de leurs revenus pour aider indirectement les plus démunis.

Dans les hôpitaux, des personnes âgées, déjà à la retraite, se portent volontaires pour accueillir les patients et les guider dans les méandres du système hospitalier. Plutôt que de rester chez eux en tant que retraités, ils préfèrent consacrer leur temps à ces tâches d’accueil et d’assistance.

L’individualisme solidaire, une volonté de contribuer activement au bien-être collectif

Crédit photo : Lagos Food Bank Initiative pour Pexels

C’est vrai que le soir, lorsque l’américain rentre dans sa maison, il aspire à sa paix et à son repos mérité après une dure journée de travail, mais peut-on vraiment lui en vouloir ? Il a déjà utilisé tous les canaux possibles pour partager avec la communauté ses revenus, son temps et ses ressources intellectuelles, créant ainsi un individualisme solidaire qui se distingue de la solidarité bruyante et sans effets palpables sur la vie des autres.

Cependant, il est essentiel de souligner que ce modèle d’individualisme solidaire n’est pas exclusif aux États-Unis. Lors de mon séjour en Bretagne, en France, j’ai eu la chance de rencontrer des agriculteurs qui vivent tranquillement dans leur coin, mais qui consacrent une partie de leurs revenus mensuels à venir en aide à des orphelins dans plusieurs pays africains. Ils s’organisent avec leurs amis pour collecter des dons dans les environs, offrant ainsi un peu de réconfort et de divertissement aux enfants démunis. Ils prennent même en charge les frais d’expédition de ces dons dans différents pays africains.

En fusionnant les valeurs de solidarité de l’Afrique avec l’individualisme solidaire occidental, les communautés africaines pourraient franchir un nouveau cap. En adoptant cet esprit de générosité et de partage, en utilisant les ressources individuelles pour le bien-être collectif, les sociétés africaines pourraient renforcer leur tissu social et améliorer la qualité de vie de ceux qui en ont le plus besoin.

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