Les Histoires du Fâ : une porte vers la sagesse ancestrale
En tant que Béninois, je suis fier de la richesse culturelle de mon pays et parmi les trésors qui illuminent notre héritage, se trouvent les Histoires du Fâ. Bien plus qu’une pratique divinatoire, ces histoires sont une porte ouverte vers la compréhension de soi et une invitation à explorer les mystères de notre existence.
Au cœur de la culture béninoise, les Histoires du Fa ont imprégné l’enfance de nombreuses personnes, contées lors de soirées autour du feu lors des visites des jeunes vacanciers chez leurs grands-parents. Bien plus que de simples récits pour divertir les enfants, ces légendes jouent un rôle essentiel dans le rituel de divination du Fâ, considéré comme un moyen de se connecter avec son destin et son âme.
Que l’on soit adepte du Fâ ou simplement curieux de nouvelles perspectives, ces histoires offrent un éclairage précieux sur la complexité de la vie, la force de la tradition et la sagesse intemporelle de nos ancêtres. Elles nous rappellent que les réponses à nos interrogations résident déjà en nous, et que rien n’est vraiment nouveau sous le soleil.
La valeur intemporelle du culte au Fa
Dans notre société, chaque situation ou circonstance potentiellement problématique peut être une opportunité pour un initié de consulter le Fa.
Pourquoi consulter le Fa ?
La divination basée sur le Fa transcende les aspects matériels de notre existence et plonge au plus profond de notre être. En cherchant à comprendre les messages du destin, nous sommes confrontés à des vérités parfois difficiles, mais essentielles pour notre croissance personnelle. Pour de nombreux béninois, s’initier au Fâ et faire des consultations régulières est une démarche introspective qui invite à explorer la nature intérieure, à identifier nos forces et nos faiblesses, et à évoluer vers une meilleure version de nous-mêmes.
Quels motifs pour consulter le Fa ?
Les questions abordées sont multiples : programmer un voyage (en déterminant la date de départ), choisir le prénom d’un futur enfant, comprendre les cauchemars récurrents, interpréter des signes étranges perçus dans le quotidien, chercher des indications pour courtiser ou éviter une personne, résoudre des problèmes d’infertilité ou de stérilité, élucider des morts mystérieuses ou prématurées, et bien d’autres encore.
Le bokonon
Le bokonon, le devin qui pratique l’art divinatoire du Fa, est sollicité pour interpréter la voix du destin. Grâce à ses connaissances et à sa connexion avec les forces spirituelles, il explore les signes et les symboles du Fa pour éclairer les questionnements de l’initié. Le bokonon est un guide, un intermédiaire entre les mondes visible et invisible, qui aide les individus à comprendre les messages de leur destin et à prendre des décisions éclairées.
Lorsqu’un individu vient consulter un Bokonon pour obtenir des réponses ou des conseils, celui-ci s’appuie sur les problèmes et les solutions du passé, tels qu’illustrés dans les Histoires du Fâ. Le Bokonon analyse attentivement la situation actuelle et utilise les enseignements des récits ancestraux pour conseiller la personne sur les actions à entreprendre, les paroles à prononcer et les comportements à adopter pour surmonter ses difficultés.
Les signes
Chaque signe divinatoire du Fâ est accompagné d’une multitude d’histoires et de légendes. Ces récits narrent les exploits de personnages, qu’ils soient humains ou animaux, et racontent comment ils ont surmonté des difficultés similaires à celles auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui. Les légendes fournissent une base solide pour guider nos actions présentes.
Mon rapport au Fa
En grandissant au Bénin, j’ai eu le privilège de côtoyer la puissance des religions endogènes dont en particulier celle du Fâ dans la vie quotidienne de notre société. Les Histoires du Fa ont bercé mon enfance, m’offrant des leçons de vie précieuses qui ont profondément marqué ma vision du monde. Bien que je n’aie jamais été initié au Fa et n’envisage pas de le devenir un jour, ce qui m’attire véritablement, c’est l’incroyable richesse culturelle, littéraire et poétique que ces récits renferment.
Originaire du Bénin, mais vivant depuis plusieurs années aux États-Unis, je suis fier de posséder la double nationalité, et c’est ici, au Bénin, que je trouve un équilibre fascinant entre la science et le surnaturel. Cette dualité a toujours suscité mon intérêt et a façonné ma curiosité insatiable envers les mystères de la vie et de l’univers.
À mes yeux, les histoires du Fa sont l’équivalent béninois des célèbres contes de Jean de La Fontaine. Au-delà de leurs origines culturelles, elles dégagent une sagesse universelle, capable de transcender toutes les croyances religieuses.
Récemment, un ami m’a captivé en me racontant l’histoire d’une Française de souche qui, avide de découvrir l’Afrique, plonge dans l’univers envoûtant du Fâ lors d’un voyage au Bénin. Cette expérience m’a ouvert de nouvelles perspectives sur le lien subtil entre la science et le surnaturel, nourrissant ma soif de comprendre le monde qui nous entoure et l’invisible qui l’habite.
Une histoire de travail
C’est lors de l’été dernier que cette connaissance, animée d’une curiosité sans pareille, décide de s’aventurer au Bénin. Là, dans l’ancien royaume du Dahomey, elle découvre les coutumes du Fâ et décide de se laisser emporter par le rituel initiatique de devenir une véritable « Favi » (c’est à dire un enfant du Fâ).
De retour en France, elle est ravie de son voyage et tout semble aller pour le mieux jusqu’à ce qu’elle se retrouve en conflit avec son supérieur au travail, menaçant son emploi et son équilibre financier. Malgré tous ses efforts pour apaiser la situation, le destin semble vraiment s’acharner contre elle.
Désemparée, elle se tourne vers son ami béninois, celui-là même qui l’avait guidée vers le Fâ. Et vous savez quoi ? Il lui assure que le « Bokonon » – le sage mystique – peut résoudre son épineux problème.
Intriguée et remplie d’espoir, le lundi elle partage l’adresse de son bureau en France avec le Bokonon, qui pour information, habite dans un village non loin de Ouidah, une ville balnéaire située à 40 kilomètres de Cotonou. C’est là que ça devient croustillant.
Le mardi le Bokonon l’appelle pour lui dire que l’adresse qu’elle lui avait donnée était fausse. Il Iui explique qu’il s’est rendu à l’adresse la veille, mais qu’il n’a pas trouvé le bureau. Franchement, là, elle était perplexe !
Ils avaient parlé la veille au soir, et moins de 12 heures après, il prétend être venu à l’adresse en France, alors qu’il n’a jamais voyagé et qu’il n’a même pas de Visa !
Alors, prise de stupeur, elle vérifie et découvre qu’une erreur s’était glissée dans ses chiffres. Elle s’excuse, corrige son erreur et encore une fois, le Bokonon lui promet de passer à son bureau.
Le mercredi, alors que le Bokonon est toujours dans son village au Bénin, il la rassure en lui disant que son travail est sécurisé, que personne ne pourra la licencier ni lui nuire. Vous imaginez ? Une telle assurance venant d’aussi loin !
Et le plus incroyable dans tout ça, c’est qu’il évoque une vision étrange qu’il a eue : la présence d’une mystérieuse poudre noire dans un coin de son bureau. Et devinez quoi ? Le jeudi, elle trouve effectivement cette poudre énigmatique, comme il l’avait prédit.
Dès lors, la quiétude revient sur son lieu de travail, et ses soucis s’évanouissent comme par magie. Elle est désormais convaincue que le Fâ et ses forces invisibles sont bien réels, transcendant les frontières du temps et de l’espace.
Bon, et moi j’en pense quoi ?
C’est vraiment étonnant, vous savez. En observant attentivement les histoires du Fâ, j’ai découvert une constante qui m’a frappé. C’est la primauté du bien sur le mal. À chaque fois, à la fin de ces récits, le bien triomphe du mal, et la lumière éclaire les ténèbres. C’est une belle leçon de vie, une source d’inspiration pour tous.
Je pense que même ceux parmi nous, les Béninois convertis aux religions chrétiennes, musulmanes ou autres, qui ont des réticences envers le Fâ, devraient ouvrir leur esprit pour saisir cette essence positive qui se cache dans ces histoires. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, comme on dit.
Comme l’a si justement dit l’Apôtre Paul : « Examinez toute chose et retenez ce qui est bon. » Il y a une richesse de valeurs dans ces contes du Fâ qui transcende les croyances religieuses. Il serait dommage de passer à côté de ces enseignements bénéfiques simplement à cause de nos préjugés.
En nous ouvrant à cette sagesse ancestrale, nous pouvons trouver des trésors de bonté, d’amour et de compassion qui résonnent universellement avec les aspirations humaines. Alors, explorons ces histoires avec un cœur ouvert, prêts à accueillir ce qui est bon, et laissons-nous guider par la lumière qu’elles apportent dans nos vies.
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